Monsieur le Maire,
Vous évoquiez lors du précédent conseil municipal votre vision d’une opposition riche en candidatures pour conduire des listes aux prochaines élections municipales. Vous proposiez l’idée que peut être je serai sur la ligne de départ. Comme il vous plaira, Monsieur le maire, choisissez la formule : « on ne prête qu’aux riches » ou « il n’y a pas de fumée sans feu ».
Au cours de ce mandat, vous nous avez montré qu’en matière de choix de votre opposition vous ne manquiez pas d’audace adoubant à chaque occasion l’unique élue communiste aux dépends du groupe d’opposition majoritaire et au mépris de l’expression de la représentation démocratique. Et puisque vous avez ouvert la brèche, vous ne serez pas surpris que j’évoque, concernant votre majorité, une unité de façade et une loyauté de circonstance qui s’émoussent et craquellent ouvrant la porte à quelques surprises.
Ce propos introductif ne m’éloigne pas de la question que je vous poserai à la fin de cette intervention. Mais commençons par des éléments contextuels.
Sannois tout juste, et provisoirement, endormie des affres du procès et de la récente condamnation vous concernant (un appel est en cours), Sannois se réveille à peine, que déjà les médias en pleine page nous alertent cette fois d’un important succès judiciaire. L’insolente tricoteuse a été condamnée ! Sannois se réveille et s’indigne non pas du fait de l’insulte faite au premier magistrat de la ville (que je ne saurais cautionner), mais de la nature de la réponse trainant une dame âgée et en difficultés sociales devant les tribunaux. N’y avait-il d’autres moyens et entre autre pourquoi ne pas avoir traité ce problème sous l’angle d’une incivilité qui méritait rappel à l’ordre. Vous en aviez les moyens et de plus, un récent conseil municipal unanimement a voté une résolution dans ce sens. Intervenant lors de ce conseil, je vous disais alors : « Tout en respectant le travail et les missions des polices municipales et nationales, l’acte de rappel à l’ordre ou de sanctions par le Maire ne saurait se substituer, mais au contraire procède d’une logique différente. L’écharpe n’est pas l’uniforme et doit permettre, dans la mise en œuvre du rappel à l’ordre ou de la sanction, une démarche et une pédagogie clairement citoyenne dans une parole qui s’énonce du lieu de la maison commune. Il ne faut pas craindre d’investir la force du symbole ». Dans ce cas, cela eu dû suffire !
Votre choix monsieur le maire a été autre et n’est pas innocent. Il procède, sinon d’une philosophie, du moins d’une politique assumée et claire : Tenter de promouvoir une certaine idée d’un ordre moral qui, au mépris d’une conception intelligente et humaniste, cherche à promouvoir l’illusion d’un pouvoir fort, sur le dos des plus faibles.
Dans la presse, les réactions des courriers des lecteurs d’une part, ce qu’on entend dans la ville tous âges, milieux et sensibilités politiques confondus d’autre part, en témoignent : vous n’êtes pas suivi et j’irai plus loin en affirmant qu’au-delà du soutien, (hélas normal si ce n’est compréhensible) lié aux contraintes du pacte majoritaire, nombreux (ses) sont dans cette assemblée les élus(es) indignés(es).
Je ne reviendrai pas sur la totalité du dossier lié à la pétition que vous avez initiée à l’encontre des gens du voyage installés à Sannois. Je veux ici seulement souligner ces mots lors d’une interview donnée à un journaliste de l’Echo Régional : (jeudi 21/02/2013) «… Il faudra voir en fin d’année s’il y a des relations à faire avec une hausse des faits de délinquance … ». Il s’agit là de la stigmatisation d’une population régulièrement présente sur notre territoire national et d’une anticipation d’actes délinquants, fondée sur la pire des représentations imaginaires d’un Autre désigné mauvais par nature.
Idéologiquement nous sommes dans la même veine de ce que je dénonçai plus haut.
Au moins depuis quelques temps et de plus en plus, avez-vous le mérite d’annoncer la couleur, y compris dans votre affichage publique national. Paternotte c’est UMP/PC entendez par là UMP tendance Pain au Chocolat ….
Permettez -moi une incise : A Sannois nous avons la chance d’avoir une association « Sannois d’hier à aujourd’hui » - dont je ne saurai en aucun cas ici être le porte-parole- qui mériterait pour la qualité de son travail historique local et au-delà, pour l’excellence de la prestation bénévole d’hommes et de femmes de qualité nous amenant à rencontrer et à redécouvrir ceux qui ont fait l’histoire de Sannois tout autant que l’histoire avec un grand H, qui mériterait donc, à mon sens, une véritable démarche promotionnelle dans notre revue locale « Sannois En Direct » aux risques, et ce serait un succès et non pas un problème, que la municipalité accepte de consentir à la culture et à l’histoire l’espace qu’elles méritent et qui indique par l’acte pédagogique et de transmission, le vrai sens des valeurs.
Me nourrissant donc aux bonnes sources, il nous fût rappelé récemment lors de la conférence « Les Misérables de Victor Hugo » Ce mot de l’auteur dans ces notes personnelles et à propos du champ politique : « Préférer la consigne à la conscience NON ! »
Je ne hurlerai pas avec les tenants d’un soi-disant rempart contre le Front National et pas plus ne vous ferai procès de préparer une alliance partisane avec ce parti. Je pense plus opportun de proposer cette analyse, - les faits relatés au début de mon propos en témoignent -, qu’idéologiquement vous avez déjà franchi un cap et que la vraie question maintenant est posée à beaucoup, hommes et femmes de votre majorité de savoir s’ils se reconnaissent dans ce positionnement politique.
Vous trouverez probablement prétentieux ce propos. N’ayez craintes je l’assume et ce d’autant plus que je ne suis pas sans méconnaître le poids et les ravages des silences coupables. Le jeu politique est ainsi fait qu’il exige pour les majorités élues un devoir de loyauté. On dit même, tous bords politiques confondus, qu’afin de blinder ces majorités, la pratique est courante de faire signer en blanc des démissions anticipées. Le devoir de loyauté est une chose mais arrive le temps où, publiquement ou dans l’intime, pour chacun la question en vient à se poser en termes de conflit de loyauté. J’ai cette profonde conviction qu’on ne sort jamais bien des conflits de loyauté autrement que par le haut.
C’est le sens profond du propos de V. Hugo : « Préférer la consigne à la conscience NON ! ».
Monsieur le Maire, la règle, ici, pour une question écrite veut que je vous sollicite comme seul interlocuteur. Je ne dérogerai pas et vous pose donc cette question : Dieu vous prêtera sûrement vie … pour conduire la liste ou une des listes de droite aux prochaines élections municipales. Inviterez-vous clairement vos colistiers à vous suivre sur les terres qu’idéologiquement, vous êtes en train de labourer ?
Roger Pitiot Conseiller municipal